En 2004, année du Centenaire de la naissance de Giorgio La Pira et année de la phase diocésaine conclusive de son procès en béatification, la Fondation a publié un fascicule de 14 pages intitulé « Fiche biographique de Giorgio La Pira, Serviteur de Dieu », qu’il est possible de télécharger ici.
« Que le Seigneur ait mis dans mon âme le désir des grâces sacerdotales, cela ne fait aucun doute ; mais il attend de moi que je conserve mes habits séculiers pour accomplir un travail salutaire dans un monde laïc éloigné de Lui. Le but de ma vie est d’être, dans ce monde, le missionnaire du Seigneur et je dois me consacrer à la mission d’apostolat dont Lui m’a investi, dans la situation et dans les conditions que Lui m’a désignées ».
Giorgio La Pira – avril 1931 (extrait d’une lettre envoyée à sa tante Settimia Occhipinti)
« Encore une chose : contrairement à ce que vous avez pu croire, je ne suis pas prêtre. Ce n’est pas ce que Jésus a voulu de moi. Je ne suis qu’un jeune homme à qui Jésus a fait don de l’immense grâce du désir de l’aimer infiniment et de celui de le faire aimer aux autres. »
Giorgio La Pira – Pâques 1933 (16 avril) (extrait de la lettre à la Mère Supérieure du monastère de Santa Maria Maddalena de’ Pazzi)
1904 – Giorgio La Pira naît le 9 janvier à Pozzallo (région de Raguse), de Gaetano La Pira et d’Angela Occhipinti. Il est l’aîné de six enfants.
Il est baptisé le 7 février dans ce même village, à l’église Madonna del Rosario. Son parrain n’est autre que son oncle, Luigi Occhipinti, frère de sa mère.
1909-1913 – Il fréquente l’école primaire Giacinto Pandolfi de Pozzallo jusqu’au CM1.
Il va vivre à Messine, chez son oncle Luigi Occhipinti, où il achève ses études élémentaires et poursuit ses études.
1914-1917 – Il fréquente l’École Technique Commerciale Antonello (Ière, IIème et IIIème classes)
1917 – Il étudie à l’École Technique Commerciale A.M. Jaci et obtient son diplôme de comptable.
C’est l’époque où il fait la connaissance d’un groupe d’adolescents avec qui il se lie d’amitié et parmi lesquels on note Salvatore Quasimodo, futur prix Nobel de Littérature, et Salvatore Pugliatti, futur Recteur de l’Université de Messine.
1921 – Il travaille dans l’entreprise commerciale de son oncle, ce qui lui permet notamment de payer ses études.
1922 – La même année, il prépare son baccalauréat (mention lettres classiques) et il obtient son diplôme de fin d’études secondaires à Palerme. Il est souvent l’hôte du Professeur Federico Rampolla, son professeur d’italien à l’Institut Jaci, qui l’aide à préparer les examens de grec et de latin pour le baccalauréat. C’est chez lui qu’il fait la connaissance de Don Mariano, prêtre et frère du professeur. Une profonde amitié naît entre eux, qui se prolongera tout au long de leur séjour à Rome. Pour Giorgio La Pira, elle sera la source d’un soutien précieux, tant sur le plan spirituel que culturel.
Ayant obtenu son baccalauréat, il s’inscrit à la Faculté de Droit de l’Université de Messine où Emilio Betti, professeur dans cette même université, le suit tout particulièrement. Il fréquentera la faculté pendant trois ans, jusqu’en 1925. Le professeur Betti est transféré à Florence et l’invite à le rejoindre. C’est là que La Pira accomplira sa quatrième année universitaire.
1924 – Cette année-là, la période de Pâques constitue, pour La Pira, un moment de grâce tout à fait exceptionnel. Il note : « Jamais je ne pourrai oublier ces fêtes de Pâques de 1924, quand j’ai reçu le Christ dans l’Eucharistie : j’ai senti en moi une candeur si intense que je n’ai pu contenir un chant et un bonheur infini ».
1925 – Il devient membre du tiers ordre dominicain et, au sein du premier groupe de tertiaires créé par le Père Enrico Di Vita à Messine, il prend le nom de Frère Raimondo.
1926 – Le 30 juin, il passe avec succès ses deux derniers examens de médecine légale et de droit administratif. Le 10 Juillet, il obtient sa maîtrise avec mention « très bien », félicitations du jury et recommandation de publication. Sa thèse, intitulée « Succession héréditaire ab intestat et contre le testament dans le Droit Romain », sera publiée par l’Université de Florence, aux éditions Vallecchi, en 1930 à Florence et sera dédicacée par La Pira « à Contardo Ferrini qui, par tous les chemins, m’a ramené à la Maison du Seigneur ».
Cette même année, sur proposition du professeur Betti, il est nommé maître-assistant de Droit Romain à l’Université de Florence. En cette qualité, durant l’année académique 1926-1927, il donne quinze leçons sur le Droit Romain des Successions.
1927 – Il se présente à un concours afin d’obtenir une bourse pour pouvoir approfondir ses études en Droit Romain. Ayant obtenu le droit à deux bourses lui permettant de poursuivre sa formation en Italie et à l’étranger, il optera pour la seconde et partira pour l’Autriche et l’Allemagne. À la même époque, l’Université de Florence lui offre un poste de professeur de Droit Romain auquel il devra renoncer après avoir donné quinze leçons.
Il fréquente les universités de Vienne et de Munich où il suit les cours des professeurs Wlassak Woesss et Wenger dont les enseignements lui fourniront de nouveaux éléments de réflexion pour sa formation.
En novembre, à son retour de l’étranger, l’Université de Florence le nomme, au sein de l’Institut de Sciences Sociales Cesare Alfieri, professeur des Institutions du Droit Romain pour l’année académique 1928-1929.
Le 11 décembre, dans la Basilique de San Marco à Florence, il prend l’habit de tertiaire dominicain, conservant le nom de Frère Raimondo.
1928 – En juin, l’Université de Florence le nomme professeur d’Histoire du Droit Gréco-Romain pour l’année académique 1929-1930. Il donnera, dans ce cadre, un cours monographique sur certains institutions du Droit des Papyrus.
Il devient membre de l’Institut séculier des Prêtres Missionnaires de la Royauté du Christ, dont il avait été un des membres fondateurs. Les statuts de cet institut le définissent comme « une communauté de laïques créée et réglementée selon la constitution apostolique « Provvida Mater Ecclesia » et par Motu proprio « Primo Feliciter », destinée à une consécration à Dieu mise au service des hommes ». Il prononce les trois voeux de pauvreté, d’obéissance et de chasteté. L’Institut fait partie du grand mouvement spirituel du Tiers Ordre Franciscain, dont il partage les idéaux et les buts.
Le message de paix et d’amour de Saint François d’Assise devient alors omniprésent et permanent dans la vie de Giorgio La Pira.
1930 – Le 31 mars, on lui confie l’enseignement du Droit Romain.
1933 – À 29 ans, il obtient la chaire des Institutions du Droit Romain. Il s’engage dans l’Action Catholique florentine et exerce son apostolat dans la zone située dans les environs d’Empoli, réputée difficile. La Pira nourrit une estime et une dévotion toute particulière à l’égard du Cardinal Elia Dalla Costa, archevêque de Florence, qui le lui rend bien. Il se rendra à l’archevêché tous les soirs, avec constance, où il partagera avec le Cardinal des considérations et des avis sur ce qui se passe à Florence et à travers le monde. Le Cardinal Dalla Costa transmet à La Pira un attachement profond à la Bible en tant qu’oeuvre unique pour lire l’Histoire contemporaine.
C’est plus ou moins à cette même époque qu’il fait la connaissance de Don Giulio Facibeni, figure charismatique de l’église florentine, pléban de Rifredi et fondateur de l’Opera Madonnina del Grappa. Entre eux naît une amitié profonde dont les effets bénéfiques se feront aussi ressentir sur la ville. Ils partageront ensemble joies, souffrances et espoirs.
Les Florentins disaient alors que Florence comptait trois saints : le Cardinal Dalla Costa (la foi), La Pira (l’espoir) et Don Facibeni (la charité). Le fait que tous les trois fassent, en même temps, l’objet d’un procès en béatification n’est pas dû au hasard.
1934 – Il fait la connaissance de Mgr Giovan Battista Montini avec qui naît une profonde amitié qui les liera jusqu’à la mort. Mgr Montini présentera Giorgio La Pira à Mgr Raffaele Bensi, qui deviendra par la suite un guide spirituel, un confesseur et un ami.
C’est suite à une réflexion de Don Bensi faite sur la très grande misère observée dans les villes que La Pira crée la Messa di San Procolo dans le but d’apporter une aide spirituelle et matérielle aux plus démunis. De nombreux jeunes de la ville, issus d’un milieu plus ou moins aisé, le rejoignent dans son action. Le magistrat Renzo Poggi est un des protagonistes.
1935 – Le 3 juin, il organise la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul “San Bernardino da Siena” pour venir en aide aux écrivains, aux artistes et aux artisans. La Conférence compte presque exclusivement des écrivains et des artistes, parmi lesquels Carlo Bo, Piero Bargellini, Nicola Lisi, Giovanni Papini et Piero Parigi.
1936 – Il rejoint la communauté dominicaine de San Marco. Il occupe la cellule n° 6, décrite par le Père Cipriano Riccotti comme « lumineuse et silencieuse mais froide et dépouillée ». Durant son séjour au couvent, il approfondit sa propre connaissance des oeuvres de Saint Thomas d’Aquin qui orienteront la formation de sa pensée et de son esprit chrétien.
1937 – La Pira organise une deuxième Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, « Beato Angelico », qui regroupe principalement des magistrats et des avocats et dont les réunions ont lieu à la Libreria Editrice Fiorentina tenue par les frères Vittorio et Valerio Zani.
1939 – La Pira prononce ses voeux et intègre officiellement l’ordre dominicain dans le couvent de San Marco. Il fonde et dirige la revue antifasciste « Principi » qui défend les valeurs de liberté et de dignité humaine. L’année suivante, la publication de la revue est interdite par le fascisme et La Pira, recherché, doit prendre la fuite.
1943 – Le 29 septembre, le couvent de San Marco est perquisitionné par la police fasciste et nazie à la recherche du Père Coiro et de La Pira. Ce dernier trouve refuge à Fonterutoli (région de Sienne), chez la famille Mazzei. La police le retrouve et La Pira doit alors se cacher dans le village voisin de Tregole où, en partie à cause du froid et de l’humidité, il est victime d’une bronchite aiguë. Au cours des trois mois qu’a duré son séjour à Fonterutoli, les rapports et l’amitié précieuse et profonde basée sur des engagements et une spiritualité communs avec Fioretta Mazzei se renforcent.
Le 17 novembre, un mandat d’arrêt contre La Pira parvient au couvent de San Marco. Il est informé par le Père Ricotti à Fonterutoli et déclare : « Je n’ai haï ni tué personne. In Te, Domine speravi, non confundar in aeternum ».
Le 8 décembre, il quitte définitivement la région de Fonterutoli et, accompagné de son ami l’ingénieur Pollicina, directeur de l’Agence de Gaz florentine, il parvient à se réfugier à Rome après un voyage plutôt agité. L’ingénieur Pollicina meurt suite à un bombardement dont La Pira, bien que se trouvant très près de lui à ce moment tragique, sortira indemne.
Le 30 septembre, le Gouvernement de la Cité du Vatican consigne à La Pira une carte personnelle d’identité (n° 4858) au titre de collaborateur de l’Osservatore Romano. Son séjour romain est ponctué de nombreux déménagements. Il réside successivement chez la famille Pollicina, la famille Rampolla, chez Madame Panici (chez qui il écrira la vie de Don Moresco), auprès du Saint-Office et, finalement, chez Mgr Montini.
1944 – En septembre, il revient à Florence, tout juste libérée, et retourne vivre au couvent de San Marco. Des bronchites chroniques l’obligeront à quitter la cellule glaciale de San Marco pour aller habiter rue Venise dans une chambre de la clinique dirigée par son ami le professeur Palumbo. Pendant vingt-cinq ans, il y sera assisté avec dévotion par les Soeurs de la Miséricorde.
Nomination à la présidence de l’Agence Sanitaire Municipale où il se met activement au service des personnes réduites à la misère à cause de la guerre. Il demande à Don Raffaele Bensi de l’aider et prend comme secrétaire Antinesca Rabissi qui lui restera fidèle jusqu’à sa disparition.
1946 – La Pira est élu député à l’Assemblée Constituante et il formule, avec Moro, Dossetti, Basso, Calamandrei et Togliatti, les principes fondamentaux de la Constitution de la République qui énoncent et garantissent les principes de liberté sociale et religieuse, du droit au travail et des droits inviolables et de la dignité du citoyen. Sa contribution à la rédaction et à l’approbation de l’art. 7 (réglementant les rapports entre l’Etat et l’Eglise) est déterminante.
1948 – Lors des élections parlementaires, il est élu député et nommé sous-secrétaire d’Etat au Travail au sein du Ministère de De Gasperi, fonction dans laquelle il se distingue tout particulièrement par son soutien aux travailleurs dans les graves conflits syndicaux de l’Italie d’après-guerre.
C’est l’époque à laquelle son engagement politique s’intensifie. Avec ses amis Giuseppe Dossetti, Amintore Fanfani et Giuseppe Lazzati, il crée la revue « Cronache sociali » dans laquelle il publie d’importants articles dont le plus célèbre reste celui intitulé « L’attente des pauvres gens ».
Deux ans après, avec d’autres représentants du « groupe des Dossettiens », il démissionne du Gouvernement suite à des désaccords sur les réformes et sur le programme économique. Durant sa présence au sein du Ministère du Travail, il prendra comme secrétaire Enzo Sarti, un de ses meilleurs amis de San Procolo, qui malheureusement disparaîtra très jeune.
1951 – Il intervient auprès du député Togliatti (sur le point d’effectuer un voyage à Moscou) afin qu’il demande à Staline de trouver une solution politique de la guerre de Corée.
De fortes pressions, également exercées par les autorités religieuses, forcent La Pira, malgré sa perplexité, à accepter de se présenter comme tête de liste des candidats démocrates-chrétiens lors des élections municipales des 10 et 11 juin. Une des raisons majeures l’ayant conduit à accepter était sa volonté, nourrie des expériences acquises au Gouvernement et à l’Assemblée Constituante, de vouloir apporter une réponse concrète et globale aux problèmes politiques nouveaux et pressants.
La victoire d’une coalition de quatre partis acquise, La Pira est élu pour la première fois maire de Florence le 5 juillet. Il succède à Mario Fabiani, maire sortant qui avait dirigé un conseil municipal de gauche pendant quatre ans.
En tant que Président du Conseil Supérieur Toscan de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, La Pira entame une correspondance avec l’ensemble des monastères de religieuses cloîtrées à qui, avec le soutien du Ministère de l’Intérieur, il fait parvenir des aides financières afin de les aider à surmonter les grandes difficultés nées de la guerre.
1952 – En pleine « guerre froide », Giorgio La Pira est à l’origine de l’organisation des « Congrès pour la Paix et la Civilisation chrétiennes” qui connaîtront cinq éditions auxquelles un grand nombre d’éminents intellectuels, de confession chrétienne ou autre, et de nombreux pays participeront officiellement – État du Saint-Siège inclu.
1953 – « Pas des logements mais une ville ».
Face à la grave crise du logement due non seulement aux expulsions et aux destructions de la guerre mais aussi à l’arrivée des victimes des inondations du Polesine (Vénétie), La Pira fait construire des centaines de logements sociaux afin de pouvoir faire face à la situation d’urgence. Il crée le nouveau et immense quartier de l’Isolotto qui permettra à des milliers de personnes de trouver un logement fixe dans un cadre agréable.
Il prend la défense des deux mille ouvriers de l’entreprise Pignone qui sera finalement sauvée avec l’intervention de son ami Enrico Mattei, président de l’ENI (Société Nationale des Pétroles). Grâce à leur gestion judicieuse du dossier, la nouvelle entreprise Pignone pourra accéder aux marchés internationaux.
Tous les samedis, il rend visite aux prisonniers et, avec l’aide de son ami magistrat Giampaolo Meucci, il leur prête assistance dans leurs problèmes avec la justice.
1954 – Il procède à la réquisition de la Fonderia delle Cure, mise en liquidation par les propriétaires, et la transforme en coopérative.
Face aux conséquences dévastatrices de l’utilisation des armes nucléaires, il s’exprime, à Genève, au siège international de la Croix Rouge, sur l’importance vitale des villes et pose la question suivante : « Les Etats ont-ils le droit de détruire les villes ? ».
1955 – Au cours de ces années, à Noël et à Pâques, il envoie des lettres aux enfants des écoles primaires et des collèges, aux malades et aux “plus âgés” pour leur parler de la “vocation” de leur ville et pour leur expliquer le bien fondé de ses choix politiques et des actions menées par l’administration municipale.
L’écho rencontré par son discours prononcé à Genève l’amène à organiser à Florence le Congrès des Maires des Capitales du Monde. Pour la première fois, des maires du monde occidental et du monde oriental se rencontrent, confrontent leurs idées et signent un traité de paix. À la Messe solennelle célébrée par le Cardinal Elia Dalla Costa dans la Basilique franciscaine de Santa Croce, la présence du maire de Moscou est tout particulièrement notée.
Au cours de son mandat, guidé par le désir de voir se concrétiser l’union des peuples par des « ponts » jetés entre eux, La Pira crée un jumelage avec des villes symboliquement représentatives comme Reims et Fez.
C’est à la même époque qu’on procède à la reconstruction des ponts « alle Grazie » et « Santa Trinita » et qu’on construit le nouveau pont « Vespucci ». On procède également à la construction de la Centrale du Lait, du nouveau Théâtre Municipal, du Marché général des fruits et légumes de Novoli et à la modernisation des services de transport, des services de voirie et du service des eaux.
1956 – Les élections municipales ont lieu les 27 et 28 mai. La liste démocrate-chrétienne, menée par La Pira, passe de 36,24% à 39,29% des voix. Le Parti communiste perd 12.600 voix par rapport à 1951. La Pira connaît un succès personnel exceptionnel en obtenant 33.907 suffrages (au lieu de 19.192 en 1951).
Mais, paradoxalement, la situation politique nationale et la nouvelle loi électorale devenue entre-temps strictement proportionnelle empêchent d’obtenir un résultat de scrutin pernettant de dégager une force de pouvoir majoritaire.
Finalement, le 3 août, au troisième tour, La Pira est réélu maire de Florence.
Le 15 mai, La Pira se rend à Venise pour une conférence. Il est invité à dîner par le Patriarche Angelo Roncalli. Ils s’entretiennent longuement jusqu’à une heure tardive et le Cardinal Roncalli invite La Pira à rester au Patriarcat : dans le plus grand secret, le fait alors dormir dans le lit, devenu relique, de Pie X.
Mgr Loris Capovilla, secrétaire de Jean XXIII, a révélé, le soir du 6 novembre 1983, à Florence, que dans son journal intime tenu quotidiennement par le Patriarche, il avait écrit : « Hier soir, j’ai passé la soirée avec le professeur La Pira, que j’estime profondément. C’est une âme digne du plus grand respect ».
1957 – Le 17 Juin, après avoir pris acte de l’impossibilité de poursuivre la gestion de la ville pour cause de manque d’une majorité suffisante approuvant le budget, La Pira et l’ensemble du Conseil municipal donnent leur démission. Le même jour, un commissaire est désigné.
Cette situation difficile ne l’empêche pas de respecter l’engagement pris avec Mahomet V, roi du Maroc, à Florence de réunir tous les peuples méditerranéens au Palazzo Vecchio pour encourager , « spes contra spem », leur rapprochement et leur réconciliation.
C’est aussi dans ce but qu’il entreprend un pèlerinage en Israël, en Jordanie et en Egypte et qu’il effectue une série de voyages à Paris, à Rabat, à Tunis et à Beyrouth.
Le 17 septembre, fête des Stigmates, il accompagne le deuxième fils de Mahomet V, le prince Moulay Abdallah, au Sanctuaire de la Verne pour « rendre à son tour la visite que Saint François fit au Sultan d’Egypte » et pour commémorer les deux tentatives faites par Saint François de vouloir rencontrer le Sultan du Maroc.
1958 – La Pira se présente aux élections parlementaires comme tête de liste des démocrates chrétiens. Il est élu député.
Avec toute la ville, il prend la défense des usines Galileo. Il présente un projet de loi pour que les contrats de travail soient reconnus à l’égard de tous.
Au mois d’octobre se déroule le premier Colloque Méditerranéen. C’est la première fois qu’Arabes, Israéliens, Français, Algériens, représentés par des personnalités du monde de la culture et – à titre privé – par des représentants institutionnels, se retrouvent autour de la même table et discutent des graves problèmes qui séparent leurs peuples.
On peut considérer que les accords d’Evian (1962), qui ont déclaré l’indépendance de l’Algérie, ont commencé à voir le jour à Florence. Cette initiative est né d’une réelle volonté de vouloir créer un espace de paix entre tous les pays du pourtour méditérranéen, « le grand lac de Tibériade », et d’unir les peuples des trois familles d’Abraham : juifs, chrétiens et musulmans.
1959 – Invité en URSS, La Pira se rend à Moscou en compagnie d’un ami journaliste, Vittorio Citterich. Il s’adresse à des représentants du Soviet Suprême prônant la détente politique et le désarmement.
Il rencontre les plus intellectuels les plus influents et il aborde également la question de la relation entre athéisme et État.
Avant de partir pour Moscou, il se rend à Fatima pour implorer la protection de la Vierge et il écrit aux religieuses cloîtrées pour qu’elles prient pour lui.
1960 – Le 24 janvier, de retour du Caire, La Pira fait une étape à Istanbul où il rencontre Athénagoras, Patriarche de Constantinople. L’entretien porte sur le lien entre l’unité des Églises et l’unité entre les peuples et les pays. Le Patriarche Athénagoras lui remet des spécialités pâtisserières à offrir au Pape Jean XXIII.
1960-1964 – Pour les élections municipales qui ont lieu à Florence les 6 et 7 novembre, La Pira conduit, encore une fois, la liste des démocrates-chrétiens. Il obtient un énorme succès personnel.
Le 1er mars 1961, après de longues négociations entre les partis, il est élu maire pour la troisième fois, à la tête de l’une des premières administrations municipales de centre-gauche. Afin de se consacrer à la gestion de la ville de Florence, il démissionne de sa fonction parlementaire une deuxième fois.
C’est l’époque des grandes réalisations dans le domaine des travaux publics. On définit un nouveau plan d’urbanisme qui permettra à Florence d’échapper à la spéculation des promoteurs. En seulement trois ans, on construit dix-sept nouvelles écoles, on enterre le cours de l’Affrico (affluent de l’Arno) et on construit des infrastructures routières, on réalise les grands passages souterrains de la Piazza Stazione et l’aménagement de plus de quatre-vingt-dix rues privées et on poursuit la construction de logements pour les sans-abri.
Au cours de cette gestion municipale, La Pira prend aussi de très importantes initiatives sur le plan politique, culturel et social. Il propose de créer à Florence l’Université Européenne. Il apporte son soutien à la création de nouveaux États africains, invite à Florence Léopold Sédar Senghor, poète et écrivain, Président de la République du Sénégal et l’un des chefs de file des mouvement de libération. Il se rend aux Etats-Unis pour soutenir l’approbation de la loi sur les droits civiques en faveur des minorité raciales. Il favorise le jumelage entre Philadelphie et Kiev. Il poursuit son action en faveur de la paix et de l’union entre les peuples. Au cours de ces mêmes années, il organise les IIe,IIIe et IVe Colloques Méditerranéens. Il accueille également à Florence l’assemblée plénière du « Comité International pour les Recherches spatiales ».
Il accorde le titre de citoyen d’honneur de la ville de Florence à U Thant, Secrétaire Général de l’ONU, à Le Corbusier, grand architecte urbain, et à Pablo Casals, un des protagonistes emblématiques de l’opposition au régime franquiste espagnol.
Il organise à Florence la IXe session de la Table Ronde Est-Ouest sur le désarmement.
Au Palazzo Vecchio, il reçoit Alexeï Adjoubeï et son épouse, la fille de Khrouchtchev, accompagnés de l’Ambassadeur d’URSS, Kozyrev. Adjoubeï et son épouse seront par la suite les hôtes du Saint-Père à Rome.
Il organise des conférences préparatoires en vue du grand événement que constituera le Concile Oecuménique Vatican II, où sont conviés des théologiens de premier plan comme J. Daniélou, H. Féret, Y. Congar, E. Balducci. Ces conférences connaissent un immense succès public.
À Florence, les 22 et 23 novembre 1964, on vote pour le renouvellement du conseil municipal. La Pira se représente, pour la quatrième fois, en tête de la liste des démocrates-chrétiens. Il obtient, une fois encore, un grand succès personnel mais le climat politique qui s’est désormais détérioré à cause de luttes intestines au sein de la majorité l’oblige à renoncer à sa candidature au poste de maire.
1965 – Au mois de mars, il renonce définitivement à sa fonction de maire.
Cela ne l’empêche pas de travailler pour essayer de trouver une solution politique à la guerre du Viêt-Nam. En accord avec Amintore Fanfani, Ministre des Affaires Etrangères, et avec l’Ambassadeur de Pologne, Wilmann, il se rend à Londres où, à la Chambre des Communes, il rencontre de nombreux travaillistes avec qui il décide d’organiser à Florence un symposium international pour la paix au Viêt-Nam. Ce symposium, auquel participeront des députés et des représentants politiques anglais, français, soviétiques et italiens et quelques représentants d’organismes internationaux, se tiendra à Florence le mois d’avril suivant au Fort du Belvédère. Cette rencontre se conclura par un appel signé par La Pira et par Lord Fenner Brokway qui sera adressé aux gouvernements garants des accords de Genève sur le Viêt-Nam (1954) et à tous les acteurs engagés dans le conflit.
Ho-Chi-Minh, Président de la République du Nord-Vietnam, répond à cet appel et souligne les points essentiels pour le rétablissement de la paix.
Après une préparation méticuleuse, La Pira reçoit un accord favorable de la part de tous les acteurs du conflit et se rend donc, en octobre, à Hanoï, avec le Prof. Mario Primicerio, en passant par Varsovie, Moscou et Pékin. Le 11 novembre, il est reçu par le Président Ho Chi Minh et le Premier Ministre Pham Van Dong.
Il revient en Italie avec une proposition de paix qu’il transmet officiellement au Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies de l’époque, Amintore Fanfani. Cette initiative de paix se soldera par un échec à cause de fuites publiées par des journaux américains. La paix ne sera instituée que huit ans plus tard, dans les mêmes conditions que celles énoncées au cours de la mission de La Pira, mais au prix d’énormes dégâts et de plusieurs centaines de milliers de victimes.
1966 – La Pira joue un rôle actif dans la résolution des problèmes causés par les inondations à Florence. Il aide la ville en faisant appel à ses appuis dans le milieu international. Il est invité à des réunions de solidarité à Paris, New-York, Montréal et Ottawa.
Dans sa préface du livre « Tu ne tueras point » de Fabrizio Fabbrini, il fait la synthèse des différents arguments sur l’objection de conscience et met un terme aux violentes polémiques qui se sont déchaînées au cours des dernières années et pour lesquelles Florence se retrouve au centre de l’attention internationale en raison d’événements qui s’y déroulent, parmi lesquels on peut citer la projection privée du film d’Autant-Lara « Tu ne tueras point » (1961), la condamnation de l’objecteur de conscience Giuseppe Gozzini (1962) et les procès intentés au Père Ernesto Balducci (1963) et à Don Lorenzo Milani(1965).
1967 – La Pira est élu Président de la Fédération Mondiale des Villes Jumelées (ex. Fédération Mondiale des Cités Unies – FMCU) dont le siège est situé Paris. Il crée le slogan : « Unir les villes pour unir les pays ». Pour lui, cette fédération est l’autre face institutionnelle et complémentaire des Nations Unies.
La « guerre des six jours » entre Israël et les Etats arabes frontaliers qui éclate au mois de juin reporte dramatiquement à l’ordre du jour la question de la paix au Proche Orient et souligne l’autonomie croissante et l’importance internationale des mouvements politiques palestiniens réunis autour de l’OLP.
Entre Noël 1967 et l’Épiphanie 1968, La Pira refait le même voyage-pèlerinage accompli dix ans auparavant, dans le même but : la paix et les Colloques. Avec Giorgio Giovannoni, il se rend successivement en Israël et en Egypte où il a de longs entretiens avec Abba Eban, Ministre israélien des Affaires Etrangères, avec le Président égyptien Nasser, avec les maires d’Hébron et de Bethléem et avec les représentants palestiniens de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie occupée.
1968 – À Tunis, il participe au Congrès mondial de la Jeunesse de la FMCU. Il prononce un discours sur la « contestation » dans lequel il déclare que « les jeunes sont comme les hirondelles : ils volent vers le printemps ».
C’est l’année de la contestation de la jeunesse. Il suit avec un intérêt tout particulier les actions du Mouvement Étudiant. A l’Université de Florence, c’est un des rares professeurs à ne pas être pris à parti. Avec le metteur en scène Roberto Rossellini, il se rend plusieurs fois à Paris pour s’adresser aux jeunes réunis en assemblée à la Sorbonne.
En sa qualité de Président de la FMCU, il est invité par le Maire de Prague à suivre l’évolution du « Printemps de Prague » ; il aura un entretien particulièrement important avec le ministre des Affaires Etrangères M. Hayek.
1969-1970 – Durant ces années, sous l’impulsion de la Pira, les villes membres de la FMCU sont appelées à jouer un rôle de premier plan dans le processus de détente entamé par la Ostpolitik de Willy Brandt entre l’Est et l’Ouest ; à Helsinki, à Stockholm, à Berlin Est, à Budapest, à Vienne et à Postdam, afin de favoriser la détente, la paix et l’unité du continent européen, La Pira soulève le problème de la reconnaissance de jure de la République Démocratique Allemande et de la reconnaissance du désarmement nucléaire en Europe, oeuvrant à tous les niveaux – villes et pays – pour la tenue de d’une Conférence Paneuropéenne.
Il se rend plusieurs fois à Paris, puis de nouveau à Stockholm, à Helsinki et à Moscou où il a des contacts suivis avec la délégation du Viêt-Nam dans le but d’accélérer la tenue de la Conférence de Paris sur la paix au Viêt-Nam. A Jérusalem, à Tel Aviv, à Bethléem et à Hébron, il défend publiquement la « thèse triangulaire » (Israël, Palestine, Etats Arabes) qui pourrait favoriser une vraie négociation de paix au Proche Orient.
Le Congrès de la FMCU se tient à Léningrad. Le concept de « ponts jetés entre les villes » prend de plus en plus de l’importance. La Pira propose une nouvelle forme de jumelage : les jumelages-coopération entre villes de l’Ouest, de l’Est et du Sud.
En 1968, avec l’affaire Isolotto-Don Mazzi, le monde ecclésiastique florentin traverse une crise très grave. Au moment le plus délicat de cette crise, le 3 septembre 1969, La Pira prend nettement position en faveur du cardinal Florit. « Ubi Petrus et episcopus ibi Ecclesia » : cette célèbre déclaration publique faite par La Pira donne une nouvelle dimension à l’affaire de l’Isolotto. Amené à prendre une position, La Pira, fidèle à lui même, fait passer les valeurs d’unité et de fidélité à l’Eglise avant ses sentiments personnels, même si cela s’avère parfois douloureux.
L’attitude de La Pira dans l’affaire de l’Isolotto lui a valu quelques critiques de la part de certains amis mais a pris un éclairage tout particulier à la suite de la déclaration faite par le Cardinal Florit à l’occasion de sa disparition : « Chez un homme comme lui, on ne peut s’étonner du choix impopulaire qu’il a fait il y a neuf ans, quand l’église florentine et son évêque ont traversé des moments difficiles. Il était alors près de moi, comme un frère, et cela m’a aidé à accomplir un devoir douloureux et pénible ».
1970 – La clinique du professeur Palumbo de la rue Venezia ferme ses portes et La Pira s’installe dans les locaux de l’Oeuvre pour la Jeunesse fondée par Pino Arpioni. Ce dernier avait été un de ses anciens collaborateurs au sein de l’administration municipale et avait consacré sa vie à l’éducation chrétienne de la jeunesse. Au contact des jeunes, les dernières années de la vie de La Pira sont encore plus radieuses et plus intenses.
Près de l’Oeuvre se trouve le siège de « Cultura », centre d’activité politique et culturelle dirigé par Gianni et Giorgio Giovannoni et également maison d’édition de nombreux écrits de La Pira. Ce lieu connaîtra lui aussi la fréquentation régulière et enrichissante de La Pira.
1971-1973 – C’est au cours de cette période que se déroulent les « conférences de convergence » pour lesquelles La Pira avait tant oeuvré au cours des six années précédentes : en juillet 1973, inauguration à Helsinki de la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) ; à Paris, inauguration de la Conférence sur la fin de la guerre et le maintien de la paix au Viêt-Nam ; à Genève, dans le cadre des travaux des Nations Unies, se déroule une conférence pour le cessez-le-feu au Proche Orient après la quatrième guerre entre Arabes et Israéliens (1973).
Pour atteindre ces objectifs, La Pira mène une activité incessante et effectue de nombreux voyages : concernant l’Europe, Moscou, Varsovie, Bonn, Berlin, Budapest, Sofia ; concernant le Proche Orient, Le Caire, Jérusalem, Beyrouth; et pour le Viet-Nam, New-York et Québec (Canada).
Il se rend également au Chili pour tenter de désamorcer un coup d’Etat contre la tentative de démocratie socialiste du Président Salvador Allende.
A Houston (USA), il participe à un séminaire organisé par la Fondation de Menyll entre représentants éminents de la culture et des sciences du monde entier, parmi lesquels on note quelques Prix Nobel invités à discuter pendant trois jours sur le thème « Projets pour l’avenir ».
A Zagorsk, en URSS, La Pira rencontre le Patriarche de l’Eglise orthodoxe russe Pimen et le chef du Département des Affaires Etrangères Nikodim. L’entretien porte sur l’unité des églises chrétiennes.
En décembre 1973, La Pira est à Dakar. Son mandat de Président du FMCU est arrivé à expiration mais, pour la troisième fois, il est reconduit dans sa fonction.
1974-1975 – Il est invité à Paris pour la conclusion des accords de paix sur le Viêt-Nam.
De Paris et de Florence, il suit simultanément le déroulement des « conférences de convergence » et, avec un grand intérêt, la situation politique italienne. Il participe activement à la campagne de référendum sur le divorce et suit avec une inquiétude croissante les actions déstabilisantes des manoeuvres de l’extrême droite et les premières actions terroristes des Brigades Rouges.
En octobre, La Conférence d’Helsinki conclue (août 1975), il est invité par l’UNESCO à participer à un congrès où il trace la nouvelle feuille de route de la voie que les peuples européens devraient suivre (approuvée par la signature des Chefs de Gouvernement dans l’Acte conclusif d’Helsinki).
1976 – Il s’engage sans réserve dans la lutte contre l’avortement en abordant la question du point de vue religieux et civil. Le 19 mars 1976, l’Osservatore Romano publie en première page un de ses articles intitulé : « Face à l’avortement », d’une grande qualité culturelle et religieuse.
La situation politique italienne est grave : manifestations, scandales et terrorisme menacent les institutions démocratiques. Benigno Zaccagnini, Secrétaire National de la Démocratie Chrétienne, lance un appel pressant à La Pira pour qu’il accepte encore une fois d’être le chef de liste aux élections législatives de Florence. Bien que sa santé soit précaire, La Pira accepte quand même, avec l’intention de continuer à défendre une politique de désarmement, d’unité et de paix et avec celle de continuer à affirmer l’importance des valeurs humaines et chrétiennes dans une société toujours plus violente et matérialiste.
Il est très largement élu à la fois à la Chambre des Députés et au Sénat (pour la commune de Montevarchi). Il choisit la fonction de député.
1977 – Le samedi 5 novembre, à Florence, à la clinique des Sœurs anglaises de la rue Cherubini, La Pira décède « …un samedi sans vêpres qui ne connaît pas de coucher de soleil ».
Peu de temps auparavant, il avait reçu une lettre manuscrite du Pape Paul VI. Ce fut sa dernière grande joie, le signe ultime d’une Église qu’il avait tant aimé.
Le premier à bénir sa dépouille fut le Cardinal Giovanni Benelli, archevêque de Florence, entré dans la chambre quelques instants après sa mort.
Pendant la nuit, dans cette chambre, le Père Giuseppe Dossetti célébra une messe en présence de sa famille et de ses amis plus intimes.
Du 6 au 7 novembre – jour des obsèques – la dépouille de La Pira fut exposée à la Badia Fiorentina pour la Messe de San Procolo et dans l’église de San Marco.
Une procession interminable de Florentins, d’amis, de personnalités de toute tendance politique et religieuse, en provenance de toute l’Italie et, parfois même, de l’étranger, rendirent un hommage vibrant à La Pira, que tout le monde surnomme désormais le « Maire Saint ».
Au milieu d’une foule immense, le cortège funèbre traverse les endroits qui ont le plus marqué la vie de La Pira : l’église de San Marco ; l’Université, où le Recteur, le Professeur Ferroni, en présence de nombreux professeurs, évoque ses qualités d’enseignant et de chercheur ; place de la Santissima Annunziata, où, face à la Basilique dédiée à Marie, si chère à La Pira, le Père Davide Maria Turoldo récite une prière et salue une dernière fois son grand ami ; San Michelino Visdomini, où des centaines de fois La Pira avait gravi le fameux « escalier de Don Bensi », son confesseur et directeur de conscience et où Don Bensi lui-même, qui mieux que tout autre avait percé son âme, bénit une dernière fois la dépouille ; à la Badia Fiorentina, symbole de sa fidélité à ses frères les plus pauvres, où Monseigneur Bonanni et ses amis de San Procolo le saluent une dernière fois ; place de la Signoria, face au Palazzo Vecchio, qui fut pendant de nombreuses années le lieu où il mena sa réflexion et son action politique et administrative et où, devant plusieurs milliers de personnes, devant les plus hautes autorités de l’Etat, face aux étendards de nombreuses communes et en présence des membres de sa famille, le Maire Elio Gabuggiani, le sénateur Amintore Fanfani et le Professeur Giuseppe Lazzati saluent officiellement La Pira au nom de la ville et de la société civile.
L’orchestre du « Mai musical florentin » accompagne le départ de la dépouille vers la cathédrale.
De la place de la Signoria, centre du pouvoir civil de la ville, des centaines de prêtres accompagnent la dépouille à Santa Maria del Fiore, centre religieux de la ville, où le Cardinal Giovanni Benelli célèbre les obsèques et exalte l’aspect religieux, humain et social de la vie de Giorgio La Pira.
Le dimanche 6 novembre, à l’Angelus, place Saint Pierre, Paul VI évoque son souvenir.
Giorgio La Pira a été enterré dans le cimetière florentin de Rifredi, près de Don Giulio Facibeni. Sa tombe est devenue un lieu de recueillement pour de nombreuses personnes qui s’y rendent pour méditer et prier. Sur sa tombe, on peut admirer un don fait par les jeunes florentins, israéliens et palestiniens : une lampe sur laquelle figure l’inscription : « Paix, shalom, salam ».
1986 – Le 9 janvier, jour d’anniversaire de la naissance de La Pira, dans la Basilique dominicaine de San Marco, l’archevêque de Florence, le Cardinal Silvano Piovanelli, ouvre la phase diocésaine de son procès en béatification.
« Le petit cercueil de La Pira a été soulevé à bout de bras par le peuple florentin, comme cela s’était passé pour Don Giulio Facibeni et pour le Cardinal Dalla Costa. Les gens simples, sans pouvoir l’expliquer, associent ces trois personnalités : un prêtre, un cardinal et un maire, tous trois dépossédés d’eux-mêmes, des choses de ce monde, tous trois autorisés à s’approprier du todo et du nada de Saint Jean de la Croix : « Pour tout posséder, ne posséder absolument rien. Pour être tout, n’être absolument rien… ».
Mgr Loris F. Capovilla